Quand je parlais de nouvelles l'autre jour, je pensais entre autres au CDD de deux mois que je viens de décrocher. Un job que j'aime bien ; reste à savoir si la réciproque demeure vraie.
D'autant que je suis en période d'essai. D'un CDD. Autrement dit, à l'apogée de la précarité professionnelle.
Merde, dire que j'avais presque acquis une stabilité dans ma vie de chômeuse.
Depuis donc deux semaines, j'ai renoué avec mon tyran de réveil, mes jupes trop longues, ma lunch box et mes cernes.
Je suis même devenue une camée à la vitamine C.
D'ailleurs j'ai cru me faire choper pour dopage à la Médecine du Travail. Si si, je vous jure. J'ai depuis l'angoissante impression de faire de la contrebande de vitamine C, avec six tubes en permanence dans mon sac à main.
Désormais, je flippe dès que je croise la police jusqu'à songer à balancer mes affaires par dessus le canal l'autre jour. Mais je venais d'acheter un Labello Fraise, on plaisante pas avec ça.
La question majeure, cruciale, qui se pose chaque matin : qu'est ce que je vais me mettre ?
Certes, cette interrogation existentielle est pour moi quotidienne depuis que j'ai obtenu l'Indépendance Vestimentaire en 1998, après des années de lutte auprès de la souveraineté maternelle. Après des années d'humiliations et de joggings roses aussi.
Mais dans ce choix crucial entre, depuis mon embauche, un nouveau paramètre non négligeable : la décence.
Paramètre volontairement zappé lors de mon adolescence pseudo-rebelle-de-la-sape, emplie - si l'on peut dire - essentiellement de décolletés moulants et de baggy. Mon nombril n'avait jamais pris autant l'air.
Ca l'a même rendu agoraphobe, le pauvre.
Je vous rassure, j'ai dépassé cette passade depuis longtemps. Que voulez-vous, c'est l'âge de la maturité.
J'avoue quand même une prédilection toute particulière pour les micro shorts et les jupes, plus ou moins courtes. Parfois, les tops échancrés aussi. Mais jamais les deux en même temps, c'est d'un vulgaire.
Sauf que pour me conférer un air sérieux, respectable, mieux vaut éviter de dévoiler mes cuisses ou mes seins au tout venant. Sinon, que je ne m'offusque pas après, qu'on me propose une promotion canapé.
Je me suis donc fixée deux limites, en théorie simples : jupes uniquement à hauteur du genou ou en dessous, pas de décolletés.
Autant vous dire que la mise en pratique de ces règles, au demeurant fort louables, condamne 70% de ma garde robe.
Soit autant d'indécence quand même : il est temps de se ressaisir. Je songe donc sérieusement à investir dans des fringues de bureau.
A moins de me lancer dans une carrière de call-girl.