Je ne vous apprends rien si je vous dis que nous sommes en pleine période de soldes.
C'est d'ailleurs, en cette fin de mois, pas réellement le Youplaboum sur mon compte en banque.
Manière mesurée de dire que je suis fauchée, que si d'ici peu je ne m'auto régule pas j'aurais le loisir de goûter prochainement à la prison pour vol à l'étalage de Panzani. Je passe sur les autres joyeusetés envisageables comme quitter ma campagne pour arpenter le macadam, rue du Peuple Belge à Lille.
La situation s'annonce critique. Je suis même à deux doigts de vendre mes ovules sur Internet pour financer l'indispensable : un sac absolument fabuleux vu sur Asos.
Mais qu'y puis-je donc si la mode supplante dans mon coeur l'instinct maternel ?
Je note à ce propos, après observation de sorties d'école, que la maternité semble inconciliable avec le look, la lucidité, le bon sens. Enfanter mène à développer une abnégation à toute épreuve, quitte à arborer des colliers de nouilles autour du cou, à exposer les chefs d'oeuvre de la charmante progéniture dans le salon, à s'alimenter exclusivement de cordons bleus, à se taper des heures de Gulli.
Ma théorie : il doit exister en chacune de nous cette potentielle fibre de la mama, qui s'active uniquement si notre utérus a servi de couchette lit première classe à de futurs mômes ingrats. ( Dieu merci, je n'en ai pas encore, il me reste un semblant d'objectivité. )
Thèse non validée par les frères Bogdanov. Je conserve donc toutes mes chances qu'elle soit approuvée un jour par la communauté scientifique.
Je me souviens avoir clamé au premier jour des soldes, à la vue des remises ne dépassant pas les - 5%, que je ne me coltinerais pas la foule malodorante pour gagner trois sous.
Sauf que du coup le shopping online s'est, bien malgré moi, imposé comme une évidence. Par je ne sais quel hasard, je me suis donc retrouvée à l'aube, les yeux hagards, avec un panier rempli à mon nom sur le site de la Redoute. Même que j'ai, tel un automate, rempli mes numéros de carte bleu puis validé.
Que voulez-vous, la force de l'habitude.
Avec le recul - bon d'accord surtout depuis que ma CB crie famine - je réalise que je n'ai pas eu la souris mollassonne dans ma boulimie vestimentaire nocturne.
En témoigne le regard effayé de la buraliste de mon relais colis quand j'ai récupéré ma cargaison, hissée avec grande peine jusqu'à la voiture.
Je prends conscience aussi que la paire de UGG du pauvre, celle de la Redoute à 5 €, ne représentait pas réellement un impératif.
Surtout que je l'ai prise en rose.